Évolution

Quand en 2006 il a été réellement interdit de fumer dans les lieux publics, les entreprises ont eu le choix entre mettre en place des fumoirs dédiés dans leur locaux, ou laisser les fumeurs se débrouiller. Certaines ont "accompagné" les fumeurs pour les aider à sortir de leur addiction. Sans vraiment de succès.
Le premier effet a été de créer des troupeaux de fumeurs rassemblés devant les entreprises, lors de pauses tolérées, qui sont rapidement devenues des pauses organisées. Vidant par la même, des services entiers pendant plusieurs dizaines de minutes.
Car le fumeur ne se contente pas de fumer. Il y associe un café, et des files d'attentes se forment devant les machines aux "heures de pointes" que sont les zones de 10h, précédant 14h, et une heure avant la fin d'activité dans l'après-midi. Avec un effet induit rallongeant, le petit café que l'on prend en revenant, pour le bureau, et ses secondes files d'attentes.
Et tout ça dans un esprit de convivialité. Parce qu'il est bien connu que l'entreprise n'a vocation qu'à créer de l'espace et du temps de convivialité.
Bien sûr dans le même temps les non fumeurs restaient obstinément attachés à leurs tâches, faute de troupeau de pairs, et de raison "valable" de disparaître. Assumant souvent la charge non effectuée par leur pairs fumeurs.
Il aura fallu presque 10 ans et la généralisation des smartphones pour que les non fumeurs remettent les pendules à l'heure. En squattant les salles de pause, échoués sur les sièges mis à disposition, ou attendant qu'ils se libèrent, avec la même mécanique: quitter son poste, file d'attente, café, pause, file d'attente, café, prise de poste. Avec une forte pression  des salariés, ou de leurs représentants, pour obtenir l'ajout de machines à café supplémentaires, de plus d'espace de pause, les non fumeurs sortant rarement. L'arrivée du thé dans l'équation à encore allongé le temps utilisé: temps d'infusion, temps de refroidissement...
L'usage de l'email ou du chat d'entreprise permettant l'organisation de ces pauses, et le smartphone de palier à l'incapacité à meubler autant de temps entre collègues. Les salariés n'ayant curieusement pas demandé de formation technologique pour l'usage de ces outils dans ce cadre d'usage.
Et maintenant, les entreprises assistent impuissantes à la désertion quasi intégrale de certains services plusieurs fois dans la journée.

Décret n° 2006-1386 du 15 novembre 2006 publié au JO le 16 novembre 2006, codifiant les conditions d’application de l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif

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